Dans les maisons de l’été, le soleil et les enfants s’invitent et forment un joyeux désordre. Valentine et Ferdinand Billard sont à leur affaire pour concocter un cocktail. Marylène Conan est restée à l’ombre de sa bibliothèque et nous distille un poème d’Emily Dickinson quand sur mon IPad apparaît une peinture murale d’Etam Cru, deux street artistes polonais qui trouvent leur place dans ce petit cocktail d’été. |
Corinne Cossé-le Grand
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Ingrédients 1kg de fraises Mara des bois ou Garriguettes 100grs de sucre 400ml de gin Cocktail Coupez les fraises en deux après les avoir équeutées, – Renversez les dans un grand saladier, – Ajoutez le sucre aux fraises – Versez les 400 ml de gin. Mélangez le tout puis posez un couvercle sur le grand saladier – Enfin placez le au réfrigérateur. – Laissez au réfrigérateur pendant au moins 2 semaines en remuant tous les 2 jours. |

I taste a liquor never brewed 1861Emily Dickinson – 1830-1886 From Tankards scooped in Pearl – Not all the Frankfort Berries Yield such an Alcohol! Inebriate of air – am I – And Debauchee of Dew – Reeling – thro’ endless summer days – From inns of molten Blue – When « Landlords » turn the drunken Bee Out of the Foxglove’s door – When Butterflies – renounce their « drams » – I shall but drink the more!Till Seraphs swing their snowy Hats – And Saints – to windows run – To see the little Tippler Leaning against the – Sun! Je goûte une liqueur jamais brassée – Dans les Chopes de Perle taillée – Nulle Baie de Francfort ne saurait Livrer Alcool pareil!À moi – Soûleries d’Air – Orgies de Rosées – Aux jours sans fin de l’été Je titube – sur le pas des cabarets De l’Azur en FusionHors de la Digitale, boute, « Aubergiste », l’Abeille ivre – Papillon – renonce à ta « goutte » – Moi je boirai plus encore ! Les Anges agiteront leur neigeux Chapeau – Les Saints – à la vitre accourront – Pour voir, de Manzanilla venue – Passer la petite Poivrote ! Emily Dickinson. 1830-1886, l’une des plus grandes poétesses du 19ème siècle, a vécu, après ses études, comme une recluse dans la demeure familiale qu’elle ne quittera plus. Et c’est seulement après sa mort que sa sœur (qui a découvert l’étendue de son œuvre) commencera à publier ses poèmes. Ceux-ci ne le seront intégralement qu’en 1955. De son vivant elle en envoyait régulièrement à ses correspondants, il faut se rappeler qu’à cette époque la littérature féminine est surtout épistolaire et intime. Ses vers sont souvent habités par l’idée de la mort, mais aussi de la nature, de l’angoisse et de l’espérance. L’ivresse, ici célébrée, annonce les synesthésies baudelairiennes, les sens y sont exaltés à travers les impressions jaillies d’une nature éclatante en symbiose avec la sensibilité exacerbée de l’auteur. On notera la ponctuation singulière, exprimant l’émerveillement ; les images concises et juxtaposées tel un jaillissement ; l’économie d’une syntaxe réduite à la plus grande simplicité ; la brièveté des vers comme le vocabulaire épuré et les mots également très courts. Ces images fortes, denses et, parfois paradoxales, concentrent le sens comme un très fort élixir dont il ne resterait que l’essence (les sens ?) et les effets : enivrantes impressions qui assaillent l’esprit et le corps et célèbrent la beauté étourdissante du monde. Marylène Conan mariconan29@gmail.com |