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ART, GOOD FOOD & BOOKS #51

Dernière mise à jour : 26 mai 2022

Ronde de pommes, de noisettes et de perles L’image du moelleux aux pommes sortant du four reflète chaque instant gourmand d’une cuisine. La photo d’un dessert suédois éclaire la géométrie et le jaune moiré des fruits. Jean-Michel Othoniel * joue avec la ronde des perles et leur réflection de la lumière pour enchanter notre regard. Tandis que Philippe Delerm invite à l’odeur de la pomme, à la bonne odeur « qui a pris tous les bruns, tous les rouges, avec un peu d’acide vert. » Place à la dégustation. 24 mai 2022 * Une nouvelle exposition de l’artiste « Le Rêve de l'eau », se tient au Palais Idéal du Facteur Cheval depuis le 14 mai et jusqu'au 6 novembre 2022

Corinne Cossé-le Grand info@carrousel-art.com Instagram: @carrousel_art https://www.carrousel-art.com




Gateau aux pommes et à la cannelle -Appelkaka proposé par Cilla Lewenhaupt-Herpe dans son livre « Cuisine suédoise, récits et recettes », Éditions CILLART.


Ingrédients pour 6 personnes

- 150 gr de beurre

- 200 gr de sucre

- 3 œufs

- 135 gr de farine

- 1 cuillèrée à café de levure chimique

- 4 pommes

- cannelle en poudre

- sucre roux ou cassonade

- quelques noisettes


Recette Préchauffez le four à 200°C

Faites fondre le beurre doucement, il doit rester blond. Battez le avec le sucre. Ajoutez les œufs entiers l’un après l’autre en remuant. Mettez la farine et la levure dans une passoire pour éviter les grumeaux, incorporez doucement.

Beurrez et couvrez de chapelure un moule, versez y la préparation. Épluchez les pommes. En coupez une en rondelles fines pour en tapisser le fond du moule. Coupez les autres pommes en pas trop fines lamelles, enrobez les d’un mélange de cannelle et de sucre roux.

Enfoncez les dans la pâte en cercles concentriques.

Enfournez 40 minutes environ.




Jean-Michel Othoniel, « The Narcissus Théorème: a man-flower, Who by reflecting himself, reflets the World around him. Installationau Petit Palais, janvier 2022 https://www.arte.tv/fr/videos/106383-000-A/jean-michel-othoniel-reenchante

L’odeur des pommes

« Les fruits ratatinés doivent être délicieux, de cette fausse sécheresse où la saveur confite semble s’être insinuée dans chaque ride. Mais on n’a pas envie de les manger. Surtout ne pas transformer en goût identifiable ce pouvoir flottant de l’odeur. Dire que ça sent bon, que ça sent fort ? Mais non, c’est au-delà … Une odeur intérieure, l’odeur d’un meilleur soi. Il y a l’automne de l’école enfermé là. A l’encre violette on griffe le papier de pleins, de déliés. La pluie bat les carreaux, la soirée sera longue…

Mais le parfum des pommes est plus que du passé. On pense à autrefois à cause de l’ampleur et de l’intensité, d’un souvenir de cave salpêtrée, de grenier sombre. Mais c’est à vivre là, à tenir là debout. On a derrière soi les herbes hautes et la mouillure du verger. Devant, c’est comme un souffle chaud qui se donne dans l’ombre. L’odeur a pris tous les bruns, tous les rouges, avec un peu d’acide vert. L’odeur a distillé la douceur de la peau, son infime rugosité. Les lèvres sèches, on sait déjà que cette soif n’est pas à étancher. Rien ne se passerait à mordre une chair blanche. Il faudrait devenir octobre, terre battue, voussure de la cave, pluie attente. L’odeur des pommes est douloureuse. C’est celle d’une vie plus forte, d’une lenteur qu’on ne mérite plus. »

Ce petit livre a été souvent offert en cadeau de Noël ou pour remercier d’une invitation. Ses chapitres courts sont rapides à lire et les titres parlent à tout le monde ou plutôt à chacun, c’est différent. La table des matières se révèle déjà être une série d’images et d’atmosphères dont certaines sont intemporelles et d’autres liées à une époque, les années 90, et un pays, la France, un peu comme la France des chansons de Trenet : « Prendre un porto. L’autoroute la nuit. Le trottoir roulant de la station Montparnasse. Appeler d’une cabine téléphonique. Le dimanche soir. Aller aux mûres. »

Mais plus que des images ce sont les sensations qui en font l’unité. A la lecture de ces textes aussi quotidiens que poétiques, surgissent et se mêlent nos propres souvenirs.

Simples en apparence, les textes de Philippe Delerm prennent de la densité à la relecture et se révèlent, finalement, inépuisables. Ici l’odeur des pommes est un chemin vers « un meilleur soi », surtout ne pas se laisser aller à les goûter. Non que ce soit un péché ni une malédiction, mais croquer reviendrait à briser l’enchantement. Il ne s’agit même pas de tenter de trouver les mots qui définiraient cette odeur. Fausse piste. Ici c’est une voie qui s’ouvre, et qu’il faut savoir suivre dans la solitude et l’obscurité de la cave. Mais peut-être vaut-il mieux rester immobile, attentif, aux aguets des images anciennes, enfouies dans la terre et la pluie d’un autrefois fugace, volatile.

Comme dans un conte il faut choisir la bonne réponse, la bonne route, sous peine de tout voir se volatiliser, mais personne n‘approuve ni ne dément, on est seul à savoir.

Et quelle est La « lenteur qu’on ne mérite plus » ? La nostalgie n’est pas à la mode, mais chez Philippe Delerm on n’en fait jamais l’économie. Nourri d’écrivains comme Colette (évidemment) et Alain-Fournier, l’auteur n’échappe pas au parfum de l’enfance, aux lieux non plus. Et comme dans Le Grand Meaulnes, il est parfois des instants de grâce que certains textes saisissent et nous offrent. Mais ce texte implique aussi un dépassement des premières impressions vers quelque chose de plus abstrait, comme s’il s’agissait d’opérer une métamorphose, d’aller vers la sensation, « devenir Octobre » on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec Monet cherchant inlassablement non à restituer mais à être dans l’essence de la lumière, de l’eau, de la couleur. Il faudrait faire se rencontrer Philippe Delerm et Stéphane Lambert (« Tout est paysage »).

Marylène Conan

mariconan29f@gmail.com

Instagram: @conanconan2935



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