Le chocolat, une manière de se concilier avec la matière organique Les biscuits craquants et chocolatés de Diane Defert donnent de la saveur aux goûters de fêtes qui nous invitent comme des êtres organiques et sensuels. La collaboration chorégraphique et plastique de Damien Janet et Kohei Nawa mêle corps et matière alors que se répand un effet onctueux et charnel de chocolat dans le roman de Joanne Harris.
4 janvier 2022
Corinne Cossé-le Grand info@carrousel-art.com
http://www.carrousel-art.com Instagram: @carrousel_art
Cookies aux saveurs du Noël 2021, recette proposée par Diane Defert
Ingrédients
(pour une dizaine de cookies ) :
80 g de chocolat noir (au moins 66 % de cacao)
30 g de chocolat au lait
40 g de beurre doux
1 œuf
40 g de sucre blanc
25g de cassonade
zestes d’une demi orange
55 g de farine
1/3 cuillère à café de levure chimique
1/2 cuillère à café de cannelle
10 spéculoos + 5 pour la finition (à adapter selon les goûts)
Recette
Préchauffez votre four à 180°C.
Au bain marie, faites fondre les chocolats avec le beurre.
Pendant ce temps, cassez à la main les spéculoos en miettes (évitez le mixeur qui ferait de la poussière et enlèverait tout le croquant des pépites !)
Ensuite, fouettez vivement les oeufs avec les sucres jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Ajoutez les zestes d’orange, incorporez délicatement au mélange chocolat/beurre fondu et mélangez à nouveau.
Dans un autre récipient, tamisez la farine, la levure et la cannelle puis incorporez l’ensemble en une fois à l’appareil liquide chocolat/beurre/oeuf.
Mélangez brièvement à la spatule sans trop travailler la pâte jusqu’à ce que l’appareil sec soit incorporé complètement.
Ajoutez les 10 speculoos en pépites à la pâte (le reste sera à parsemer sur les cookies avant d’enfourner.)
Sur une plaque à pâtisserie recouverte de papier sulfurisé, formez des petits tas de pâte bien espacés à l’aide d’une cuillère à soupe et de la spatule.
Disposez sur chaque tas le reste des miettes de speculoos, la quantité peut être ajustée selon le degré de gourmandise !
Enfournez pour 10 mn à 180°C
Laissez refroidir les cookies 5 minutes sur la plaque à pâtisserie puis les transférer sur une grille et laissez refroidir complètement.
Ces cookies se conservent bien, je vous conseille de les consommer dans les 4 jours
Bonne dégustation !
Planet de Damien Jalet et Kobéi Nawa, Création 2021
Damien Jalet/Kohei Nawa, Planet (Wanderer) Théâtre national de la danse de Chaillot. 16/IX/21. Création – première mondiale. Chorégraphie : Damien Jalet, assisté de Alexandra Hoàng Gilbert. Scénographie : Kohei Nawa. Musique : Tim Hecker. Lumières : Yukiko Yoshimoto.
Chocolat. 1999. Johanne Harris, Editions Doubleday.
Joanne Harris est franco-anglaise. Son roman « Chocolat » a connu un grand succès dès sa parution et se situe dans la lignée de romans contemporains où la psychologie trouve du plaisir et du partage dans la gastronomie. Mais c’est aussi, et surtout, un moyen de révéler d’anciennes relations et d’en construire de nouvelles. Le roman a fait l’objet d’une adaptation cinématographique : « Le chocolat » de Lasse Hallström avec Juliette Binoche et Johnny Depp.
« Je connais les friandises préférées de chacun. C’est un don, un secret professionnel, comme une diseuse de bonne aventure lisant les lignes de la main. Ma mère se serait moquée de ce gaspillage de mes talents, mais je n’ai nulle envie de sonder davantage la vie de ces gens. Je ne veux pas de leurs secrets ni de leurs pensées intimes. Je ne veux pas non plus de leurs angoisses ni de leur gratitude. Une alchimiste timorée, voilà de quoi elle m’aurait qualifiée, avec un mépris bienveillant, à exercer ainsi une magie domestique, quand j’aurais pu accomplir des prodiges. Mais, j’aime bien ces gens. J’aime leurs préoccupations aussi dérisoires qu’égocentriques. Je sais lire leurs yeux, leurs bouches, tellement facilement : celle-ci, avec son soupçon d’amertume, va raffoler de mes zestes d’orange confits ; celle-ci, avec son doux sourire, mes abricots fourrés au cœur si moelleux ; cette petite fille aux cheveux ébouriffés par le vent va adorer les mendiants ; cette femme vive et joyeuse, les noix du Brésil au chocolat. Pour Guillaume les florentins, dégustés avec délicatesse au-dessus d’une soucoupe dans sa maison bien rangée de célibataire. Le goût de Narcisse pour les truffes aux deux chocolats révèle sa bonté de cœur sous son extérieur bourru. Caroline Clairmont rêvera cette nuit de caramels mous et elle se réveillera affamée et de mauvaise humeur. Quant aux enfants … des copeaux de chocolat, des pastilles de chocolat blanc ornées de vermicelles de couleur, des pains d’épice à bordure dorée, des fruits confits dans leur nid de papier plissé, des pralines, des rochers, des craquelins, des assortiments de débris dans des boîtes d’un demi-kilo… Je vends des rêves, de menues consolations, d’exquises tentations inoffensives pour qu’une multitude de saints dégringolent de leur piédestal et viennent se fracasser au milieu des noisettes et des nougatines » .
On est en 1959, Vianne Rocher et sa fille Anouk, venues d’on ne sait où (en tout cas au début du roman) et donc objets de méfiance et de curiosité, s’installent à Lansquenet, pour y ouvrir une chocolaterie. Consciente qu’il s’agit d’une boutique de luxe pour un petit village perdu dans le centre de la France, la jeune femme s’obstine, cependant, et finit par y attirer la plupart des habitants. Mais une autre voix lui fait pendant, celle du curé qui reçoit les confessions de certains de ses paroissiens. Un chapitre chacun, deux points de vue, deux observateurs font donc progresser le récit, l’une avec une attention et une curiosité bienveillantes, l’autre se posant en juge moral de la petite communauté. Vianne n’est pas mariée, ne va pas à l’église, et elle ose ouvrir sa boutique de délices « La céleste praline », une provocation, en plein carême.
Des enfants, une vieille dame un peu marginale, un homme solitaire et son vieux chien, des commères malintentionnées, un patron de bistrot qui maltraite sa femme, et d’autres… tous finissent par se croiser dans ce salon de thé considéré par certains comme un lieu de perdition car dans cette atmosphère intime et sucrée on se laisse aller aux confidences. Alors, au fil des dialogues, on comprend le ressentiment, les jalousies, les aigreurs, les silences et les conséquences de tout cela sur le présent. Vianne avec son enfance errante en compagnie d’une mère fantasque, peut-être en fuite, sans racines ni préjugés, sait écouter. Parfois considérée comme une sorcière avec ses sortilèges sucrés, elle est aussi la fée justicière qui va régler d’anciens conflits à coup de meringues et de chocolats chauds. Ses pouvoirs ? Dénouer les secrets, consoler, mais aussi semer quelques désordres, agiter les consciences, faire se renouer les dialogues ou au contraire faire assumer sans regrets certaines ruptures salutaires. Et, bien sûr, arrivera bientôt un voyageur mystérieux, sans attaches, lui non plus, mais qui consentira à amarrer là sa péniche, pour un certain temps. Après bien des hésitations et des retraits, il se laissera séduire par les effluves du chocolat chaud et peut-être aussi par la pâtissière. Le roman est appétissant comme le lieu chaleureux et gourmand, le bien et le mal sont un peu prévisibles, peut-être aurait-on gagné à ce que toutes ces douceurs soient un peu plus sophistiquées.
Marylène Conan
Instagram: @conanconan2935
Comments